L'approche de l'
An Mil voit l'apparition des premiers châteaux forts en pierre. Jusque-là, les seigneurs se contentaient de fortifications en bois entourées de palissades, juchées sur une colline ou, à défaut, sur une
«motte» (une colline artificielle).
Le premier château en pierre est dû au comte d'Anjou, le fameux
Foulque Nerra (
«Faucon Noir» dans la langue de l'époque), contemporain du roi
Hugues Capet.
Il a été érigé à Langeais, au bord de la Loire, et on peut encore en voir les restes près du château Renaissance qui lui a succédé.
Dès l'An Mil, les châteaux forts se multiplient. Dans le Languedoc, à
Peyrepertuse par exemple, les pitons rocheux se prêtent particulièrement bien à leur construction, la pierre étant prélevée et taillée sur place sans qu'il soit besoin de la transporter.
Construits de façon savante, les châteaux forts et forteresses se révèlent très efficaces dans la défense d'un territoire. Il faut en général au moins 20 fois plus d'assaillants que d'assiégés pour avoir raison d'un château bien fortifié et tant qu'un château n'est pas conquis, il est très risqué pour une armée ennemie de s'avancer sur son territoire car elle est à la merci d'une sortie surprise des troupes du château.
La construction des châteaux forts relève d'un savoir-faire sans cesse amélioré :
– les murailles en pierres qui ceignent la forteresse sont entourées de fossés parfois remplis d'eau (les
douves) pour empêcher l'ennemi de s'approcher,
– la base des murailles est légèrement oblique pour faciliter le rebond des objets divers jetés du haut sur les assaillants,
– les murailles sont percées de fentes verticales, les
archères, qui permettent de lancer des flèches sur les assaillants en restant à l'abri,
– la crête des murailles est parcourue d'un
chemin de ronde, qui facilite le déplacement des défenseurs,
– une alternance de
créneaux et de
meurtrières (ouvertures) permet aux défenseurs du chemin de ronde de tirer sur l'ennemi tout en restant à l'abri de leurs coups,
– entre la ligne des créneaux et le chemin de ronde est ménagé une ouverture vers le bas, le
mâchicoulis, qui permet de laisser tomber sur les assaillants des objets divers (jamais d'huile bouillante contrairement à une légende courante !),
– l'entrée du château est protégée par un
pont-levis jeté au-dessus des douves (on le lève en cas d'attaque),
– pour éviter que les assaillants puissent défoncer avec un bélier la porte d'entrée, celle-ci est précédée par une
barbacane, autrement dit un mur en angle qui empêche les ennemis de prendre leur élan avec le bélier,
– au-dessus de la porte se tient une herse, en bois plutôt qu'en métal coûteux, que l'on fait tomber en dernier ressort pour empêcher l'entrée des attaquants,
– au-dessus des portes du château, côté intérieur, sont aménagées des niches, ou
assommoirs, où se tiennent des gardes prêts à tomber par surprise sur d'éventuels intrus.
– au centre du château, une tour elle-même bien fortifiée, le
donjon, sert d'ultime refuge si l'ennemi a réussi à franchir la première ligne de murailles; c'est dans le donjon que sont généralement aménagés les locaux d'habitation de la troupe et du seigneur du lieu.