Durant plus d'un siècle (730-843), le monde byzantin est bouleversé par la querelle des images (
iconoclasme). Le conflit divise l'Empire : les provinces orientales se déclarent iconoclastes (contre le culte rendu aux représentations des saints, jugé idolâtre), tandis que les provinces occidentales restent iconodoules (défenseurs de ces images saintes). Au sein de la société byzantine, les images trouvent dans les moines leurs plus ardents défenseurs.
À la suite de premières mesures iconoclastes, l’empereur Léon III prend officiellement position contre le culte des images en 730, au cours d'un
silention (réunion publique). Le patriarche Germain, récalcitrant, est déposé, et la destruction des images commence. Rome s'émeut et anathématise les iconoclastes. Léon III riposte en soustrayant à la juridiction papale la Calabre, la Sicile et l'Illyricum.
Constantin V mène la lutte avec encore plus de vigueur que son père. Il se livre à une active propagande et un concile, dont les 338 membres sont tous acquis à sa cause, sanctionne la doctrine officielle en 754 :
la représentation des saints est interdite et la vénération de leurs images prohibée. L'empereur s'emploie à appliquer ces décisions : on badigeonne les icônes, on disperse les reliques et on leur substitue des peintures profanes à sujet végétal et animal, surtout des décorations à la gloire de l'empereur. De l’hostilité de Constantin V, les moines sont les principales victimes : des monastères sont sécularisés, leurs propriétés confisquées, des moines et des religieuses sommés de se marier. L'intransigeance impériale va jusqu'à interdire le culte de la Vierge et des saints.
L'impératrice Irène, pour sa part fervente iconodoule, prépare habilement la restauration du culte des images, qu'elle fait sanctionner par un concile à Nicée en 787 : l'iconoclasme est condamné comme hérésie et la vénération des icônes rétablie. Les moines recouvrent du même coup leurs privilèges et leurs richesses.
La querelle se rallume sous Léon V : les iconodoules intransigeants sont malmenés et prennent la route de l'exil. En 815, un concile iconoclaste réuni en la basilique Sainte-Sophie de Constantinople rejette les décisions du concile de Nicée et ordonne la destruction des images. Avec Michel II, le mouvement iconoclaste connaît une accalmie, mais la restauration des images n'est pas rétablie. Théophile leur livre un dernier combat : une violente persécution se déchaîne contre les iconodoules et notamment contre les moines, mais le mouvement ne lui survit pas. Le 11 mars 843, un synode réuni à Sainte-Sophie
rétablit solennellement et définitivement le culte des images.