Un ordre monastique prestigieuxL'ordre du Temple est né en Terre sainte, en 1119, après la
première croisade, à l'initiative du chevalier champenois Hugues de Payns qui voulait protéger les pèlerins se rendant à Jérusalem. Il est officialisé par le concile de Troyes, neuf ans plus tard, à l'initiative de
Saint Bernard de Clairvaux.
Le prestige des moines-chevaliers au manteau blanc frappé d'une croix rouge est immense pendant les deux siècles que durent les croisades... malgré la trahison du grand maître Gérard de Ridefort à la bataille de
Hattîn, en 1187.
La huitième et dernière croisade s'achève par la mort tragique du roi
Saint Louis devant Tunis en 1270.
Dès lors, les dernières possessions franques de Terre sainte tombent définitivement entre les mains des musulmans.
Ceux-ci s'emparent de Saint-Jean-d'Acre le 28 mai 1291 malgré la résistance héroïque des Templiers autour du grand maître Guillaume de Beaujeu.
Les Templiers se replient en Europe
Au début du XIIIe siècle, l'ordre du Temple, chassé de Palestine, n'en dispose pas moins encore d'une force militaire impressionnante de quinze mille hommes, bien plus que n'aurait pu en lever n'importe quel roi de la chrétienté. Mais, de soldats, les Templiers se sont reconvertis en usuriers et ont complètement perdu de vue la reconquête des Lieux saints.
C'est que de considérables donations ont rendu l'ordre immensément riche et l'ont transformé en l'une des principales institutions financières occidentales... et la seule qui soit sûre. Il gère ainsi, en véritable banquier, les biens de l'Église et ceux des rois d'Occident (Philippe le Bel, Jean sans Terre, Henri III, Jaime Ier d'Aragon...).
Ses commanderies qui abritent les moines-soldats, avec aussi une vocation caritative, couvrent l'ensemble de l'Europe médiévale d'une véritable toile d'araignée. On peut voir au sud d'Angoulême, à
Cressac, une chapelle rescapée de l'une de ces commanderies et ornée de peintures murales qui évoquent les croisades.
L'opinion européenne commence à s'interroger sur la légitimité du Temple. Le roi Philippe le Bel lui-même a souvenance que les Templiers ont refusé de contribuer à la rançon de Saint Louis lorsqu'il a été fait prisonnier au cours de la septième croisade.
Suivant une idée déjà ancienne, évoquée par Saint Louis et les papes Grégoire X, Nicolas IV et Boniface VIII, Philippe le Bel souhaite la fusion de l'ordre du Temple avec celui, concurrent, des Hospitaliers afin de constituer une force suffisante pour préparer une nouvelle croisade à laquelle le roi de France et le pape
Clément V sont très attachés.
L'affaire est mise à l'ordre du jour de plusieurs conciles et l'on élabore même un projet dans lequel Louis de Navarre aurait été grand maître du nouvel ordre. Son dramatique échec résulte de l'opposition obstinée du grand maître Jacques de Molay ainsi que de l'agressivité du ministre du roi, Guillaume de Nogaret.