On fixe communément l’origine des tournois au XIe siècle, et l’on cite quelques gentilshommes qui en auraient été les inventeurs : l’un d’entre eux serait Geoffroi de Preuilly, mort en 1066, et sans doute les
tournois ont dû atteindre, sous l’influence de l’institution de la chevalerie, à un degré de splendeur qui a pu paraître leur donner une origine nouvelle
Il faut toutefois reconnaître que, presque de tout temps, chez toutes les nations belliqueuses, l’élite des guerriers s’est exercée, par des combats simulés, au métier des armes, et en France même on trouve des traces de jeux de ce genre avant les X
e et IX
e siècles. Aussi longtemps que la chevalerie eut vraiment une mission politique et religieuse à remplir, les tournois furent de sérieuses écoles de prouesse, où les champions cherchaient avant tout à devenir de forts et adroits hommes de guerre, sans beaucoup se soucier de riches armures, de beaux équipements, ou même d’applaudissements de dames.
Mais, plus tard, quand les rudes combats des puissances féodales eurent cessé, lorsque les croisades et les progrès du luxe eurent contribué à adoucir l’âpreté des mœurs de la noblesse d’Europe, les joutes prirent insensiblement un caractère de magnificence et de galanterie, et se transformèrent en fêtes solennelles soumises à des règlements particuliers, et accompagnées de cérémonies publiques qui ont varié suivant les pays et suivant les époques. Une des plus belles descriptions de tournois est celle du roman d’Ivanhoë, par Walter Scott.
D’après des documents authentiques, voici quelles étaient les principales circonstances de ces fêtes en France aux XII
e et XIII
e siècles.
Les tournois solennels étaient souvent annoncés plusieurs mois d’avance ; la veille était de plus annoncée un jour d’avance par les proclamations des officiers d’armes. « Seigneurs chevaliers, demain aurez la veille du tournois où prouesse sera vendue et achetée au fer et à l’acier ». Tandis qu’on préparait le lieu destiné au tournois, on suspendait le long des cloîtres des monastères les écus armoiriés de ceux qui prétendaient entrer dans les lices ; on les y laissait plusieurs jours exposés aux regards. Un héraut ou poursuivant d’armes nommait les chevaliers auxquels ils appartenaient. La veille du tournoi était solennisée par des espèces de joutes appelées tantôt essais ou
éprouves (épreuves), tantôt les
vèpres du tournoi, et quelquefois
escremies ou escrimes : les écuyers s’y exerçaient les uns contre les autres avec des armes plus légères et plus faciles à rompre que celles des chevaliers.
C’était le prélude du grand combat, de la maître éprouve. Des hours ou échafauds partagés en loges et en gradins, décorés de riches tapis, de pavillons, de bannières, de banderoles et d’écussons, étaient dressés autour de la carrière, ainsi que des tentes ou pavillons pour recevoir les rois, les reines, les princes et princesses, les anciens chevaliers, les seigneurs, dames et demoiselles.