L' almanach de la mandragore
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 Pratiques de la médecine

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morgane

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MessageSujet: Pratiques de la médecine   Pratiques de la médecine Icon_minitime03.07.13 0:03

Une anecdote tragique du XII° siècle révèle combien les pratiques de la médecine médiévale pouvaient être brutales et dangereuses. La scène est rapportée par un savant arabe, Thâbit, considéré en son temps comme l’un des meilleurs spécialistes du corps humain. Le personnage ne donne aucune indication sur la date exacte des évènements qu’il relate, ni sur le lieu de leur déroulement. Mais il est à peu près certain que les faits se sont produits à l’époque des Croisades dans l’un des quatre états latins d’Orient.

L’homme raconte qu’il est un jour appelé par les Francs pour une série de consultations urgentes. Il se rend d’abord au chevet d’un chevalier mal en point : le malheureux souffre d’un vilain abcès à la jambe. La plaie est déjà très infectée et menace de s’étendre si rien n’est tenté. D’ordinaire, en pareil cas, les spécialistes ont recours à l’amputation. Mais Thâbit envisage une méthode plus douce : il prépare un petit cataplasme dont il a le secret et l’applique sur les chairs corrompues. Puis, il recommande de patienter quelques temps car le remède ne peut agir sur l’instant.

Peu après, le médecin rencontre une femme prise de fortes fièvres : l’état de la malade empire d’heure en heure à tel point que l’on en vient à craindre pour sa vie. Thâbit connaît ce genre de symptômes spectaculaires : il prescrit un traitement certes un peu particulier mais néanmoins révélateur d’une certaine clairvoyance scientifique. Pour « rafraîchir le tempérament » de la jeune fille, il est nécessaire que celle-ci boive beaucoup d’eau et s’abstienne de consommer certains aliments.

Le savant en est là de ses soins lorsque se présente l’un de ses confrères, un Franc. L’homme a-t-il entendu dire qu’un praticien arabe soignait des Chrétiens, ce que l’Eglise interdit avec la dernière des fermetés ? Peut-être. Craint-il qu’on ne vienne lui prendre sa clientèle ? Peut-être aussi.

En tous les cas, il s’approche du chevalier blessé. Il examine la plaie infectée un instant et dit :

« Veux-tu mourir avec tes deux jambes ? Ou préfères-tu vivre avec une seule ?

« Je préfère encore vivre avec une seule jambe ! » répond naturellement l’homme.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le médecin fait appeler un soldat armé d’une lourde hache. Le patient est amené à un billot de bois sur lequel il étend sa jambe malade. L’instant d’après, un coup bien donné suffit à détacher le membre. L’heure suivante, l’infortuné chevalier décède.

Arrive le tour de la femme prise par les fièvres. Le médecin l’observe un moment puis il lui dit en désignant du doigt Thâbit qui assiste silencieux à la scène :

« Cet homme est incapable de te guérir ! Tu es possédée par le démon."

Comme le veut une vieille croyance médiévale, il recommande à la malheureuse de consommer d’abondantes quantités de moutarde et d’ail, aliments que les mauvais esprits ont en horreur.

Mais le traitement est vain : le démon semble ne pas vouloir disparaître.

« Si tu ne vas pas mieux, c’est que le Satan se trouve dans ta tête" annonce le savant.

Il faut donc envisager un traitement plus radical. Muni d’un rasoir, l’homme opère une large incision en forme de croix sur le crâne de la patiente. Les plaies sont si profondes que les os paraissent. Cela fait, il applique sur les lésions volontaires du sel et frotte énergiquement le cuir chevelu en sang. On imagine sans peine les tourments endurés par la souffrante qui ne survit d’ailleurs pas à ses supplices.

Devenu spectateur impuissant d’une scène qu’il ne comprend pas, Thâbit préfère s’en retourner chez lui auprès des siens, terrifié des pratiques médicales que les Francs utilisent.

Au XII° siècle, l’Occident connaît encore bien mal les secrets du corps humain. Soigner demeure un acte incertain et lourd de risques. Dans les monastères, les religieux confectionnent des potions d’herbes sauvages et de racines dont ils se transmettent les savantes compositions mais qui ne peuvent pas grand-chose contre les épidémies mortelles des temps médiévaux.

En revanche, dans les contrées orientales du monde méditerranéen, les Musulmans ont acquis un savoir scientifique bien plus étendu. A l’époque où les médecins européens ne prescrivent que tisanes et mixtures infâmes pour une hypothétique guérison, les cours de Bagdad ou Damas attirent de prestigieux spécialistes, capables de réduire les fractures importantes, opérer certaines affections ophtalmiques.

A l’origine de cette avance remarquable, le Djihad. Quand les armées de l’Islam se heurtent aux Byzantins ou aux Perses, les anciennes capitales de l’Antiquité tombent entre leurs mains. Alexandrie ouvre ses portes aux conquérants. Venus des provinces les plus éloignées de l’empire musulman, les intellectuels y redécouvrent les héritages des civilisations gréco-latines et hellénistiques que l’Eglise a ignorés depuis de nombreux siècles. Parmi les milliers de manuscrits rangés sur les étagères de la prestigieuse bibliothèque de la cité, ceux de Galien et d’Hippocrate, deux auteurs qui réfléchirent en leur temps aux mystères du corps humain. Les érudits musulmans perçoivent très vite tout le profit qu’ils peuvent retirer de tels écrits. Les parchemins rédigés dans la langue grecque sont traduits en arabe puis diffusés à travers le bassin de la Méditerranée.

L’Occident s’intéresse très tôt aux progrès médicaux que l’Islam véhicule avec lui. En Espagne, en Sicile, à Jérusalem, régions où populations chrétiennes et musulmanes se côtoient dans le quotidien, les échanges se multiplient. De nombreux lettrés européens rapportent de lointains voyages les ouvrages de médecine hérités des Anciens. Les connaissances scientifiques se développent et contredisent parfois les affirmations contenues dans la Bible. Au cours des premières années du XII° siècle, paraissent les premières universités de médecine : celles de Paris, Montpellier ou Salerne sont les plus réputées. Des milliers d’étudiants viennent y découvrir les secrets de l’Homme et passer les diplômes qui ouvrent les portes des professions de la santé.

Néanmoins, bien que le savoir médical s’enrichisse au contact des spécialistes musulmans les plus éminents, les praticiens occidentaux demeurent prisonniers de théories qui feraient sourire d’ironie nos chirurgiens modernes.

On pense ainsi que quatre liquides différents parcourent les tissus humains : le sang, la bile, la bile noire et le phlegme. La maladie survient, croit-on, quand l’un d’entre eux est en quantité trop importante par rapport au trois autres.

On imagine également que certains des organes du corps sont froids, que d’autres sont chauds.

Une consultation au Moyen Age se déroule d’une manière bien étrange. Comme de nos jours, le médecin essaye de déterminer la cause d’un symptôme, d’une douleur. Mais il ne touche que très peu son patient et construit son diagnostique sur l’examen des urines que ce dernier lui fournit : une urine trop claire est signe d’ennui digestifs ou d’affection de l’estomac ; une urine trop foncée indique des problèmes de foie.... Parfois, il faut goûter !!!

Au moment de rédiger l’ordonnance, le savant n’oublie jamais de conseiller, en plus des traitements à suivre, quelques prières, une pénitence voire un pèlerinage. Les hommes du Moyen Age considèrent qu’il est naturel qu’un médecin prenne également soin de la santé spirituelle de ceux qui viennent le trouver.

Huit siècles plus tard, tout cela fait sourire. Certes, les méthodes de la médecine médiévale sont bien éloignées des pratiques que les grands professeurs actuels utilisent quand ils combattent le cancer ou une pathologie particulièrement grave. Néanmoins, c’est au XII° siècle que commence la belle aventure des sciences du corps humains. Espérons qu’elle a devant elle de nombreuses années...
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guerland
Invité




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MessageSujet: La médecine médiévale   Pratiques de la médecine Icon_minitime09.08.13 0:49

Dans les zones les moins touchées par les bouleversements de la chute de l'empire occidental, une théorie unifiée de la médecine a commencé à se développer, en grande partie fondée sur les écrits des médecins grecs tels qu’Hippocrate, 460 av. J.-C. - 377 av. J.-C., et Galien, né en 130. Hippocrate a écrit des textes sur les maladies, la chirurgie et les fractures ainsi que sur l’anatomie humaine. Galien a écrit plus de cinq cents traités sur la physiologie, l’hygiène, la diététique, la pathologie, la pharmacologie, et est crédité d’avoir découvert la façon dont la moelle épinière contrôle les différents muscles. À partir de ses dissections, il a décrit les valves du cœur, et déterminé le rôle de la vessie et des reins.
Galien de Pergame, grec lui aussi, était le plus important médecin de cette période, et le second après Hippocrate, dans l'histoire de la médecine dans l'Antiquité. Compte tenu de son autorité incontestée sur la médecine au Moyen Âge, ses principales doctrines nécessitent d’être développées. Galien a décrit les quatre symptômes classiques de l'inflammation (rougeur, douleur, chaleur et œdème) et beaucoup contribué à la connaissance des maladies infectieuses et de la pharmacologie. Ses connaissances anatomiques de l'homme étaient entachées d’erreurs, car fondées sur la dissection des singes. Certains enseignements de Galien ont eu tendance à freiner les progrès de la médecine. Sa théorie, par exemple, selon laquelle le sang transportait le pneuma, ou l'esprit de vie, et qui lui donnait sa couleur rouge, associée à la notion erronée selon laquelle le sang traversait une paroi poreuse entre les ventricules du coeur, a retardé la compréhension de la circulation sanguine et a beaucoup contribué à décourager la recherche en physiologie. Ses travaux les plus importants cependant, ont concerné la structure et la fonction des muscles ainsi que la fonction des aires de la moelle épinière. Il a aussi excellé dans le diagnostic et le pronostic. L'importance du travail de Galien ne peut être sous estimée, car à travers ses écrits, les acquis de la médecine grecque été transmis au monde occidental par les Arabes.
L'importance de la diététique conduit Anthimus, au VIe siècle à rédiger un traité, sous forme de lettre, où de nombreuses notices constituent des recettes de cuisine.
Les traductions anglo-saxones des œuvres classiques comme celle de Dioscoride sur les herbes ayant traversé le seuil du Xe siècle, montrent la persistance des éléments de la connaissance médicale classique. Des recueils comme le Leechbook de Bald (vers 900)2comportent des citations provenant d'œuvres classiques, et transmettent des remèdes populaires enracinés dans les traditions locales.
Bien que dans l 'Empire byzantin la pratique organisée de la médecine n'ait jamais cessé (voir médecine dans l'Empire byzantin), la renaissance de l'enseignement médical méthodique à partir des textes classiques en Occident peut être attribuée à la Schola Medica Salernitana, fondée par des moines dans le sud de l'Italie, au XIe siècle. À Salerne les textes médicaux de Byzance et du monde arabe étaient facilement disponibles, traduits du grec et de l’arabe dans un monastère situé à proximité, au Mont Cassin. Les maîtres Salernitains ont progressivement mis en place un corpus de textes, connu sous le nom d’ars medicinae (l'art de la médecine) ou articella (art mineur), qui est devenu la base de l'enseignement de la médecine en Europe pour plusieurs siècles.
À partir de la fondation de l 'Université de Paris (1150), de l’Université de Bologne (1158), de l’Université d'Oxford (1167), de l’Université de Montpellier (1220) et de l’Université de Padoue (1222), les œuvres des précurseurs de Salerne ont été diffusées à travers l'Europe entière et, à partir du XIIIe siècle, la position dominante dans l’enseignement de la médecine a été transférée à ces nouvelles universités. Pour être reconnu docteur en médecine il fallait dix ans de formation, en incluant la formation initiale aux arts, de sorte que le nombre de médecins ainsi qualifiés est resté relativement faible.
Au cours des croisades, la médecine européenne a commencé à être influencée par la médecine arabe. Beaucoup d'encre a coulé sur le supposé dégoût d’Oussama Ibn Mounqidh pour la médecine européenne, mais quiconque lit le texte intégral de son autobiographie constatera que son expérience de première main de la médecine européenne est positive — il décrit un médecin européen traitant avec succès des plaies infectées avec du vinaigre, et recommande un traitement pour les écrouelles, qui lui a été enseigné par un Franc anonyme.
Au cours du XIIIe siècle, de nombreuses villes européennes exigeaient que les médecins suivissent plusieurs années d'études ou de formation avant de pouvoir pratiquer leur art. La chirurgie avait un statut inférieur à celui de la médecine proprement dite, depuis ses débuts comme tradition artisanale, jusqu'à ce que Roger Frugardi, à Parme, compose son traité de chirurgie aux environs de 1180. Une profusion de travaux italiens d'une grande portée ont été réalisés au cours du siècle suivant, et leur enseignement s’est propagé plus tard dans le reste de l'Europe. Entre 1350 et 1365 Théodoric Borgognoni a élaboré un traité exhaustif de chirurgie en quatre volumes, la Cyrurgia, qui a fait connaître des innovations importantes, et a été à l’origine de l’utilisations des antiseptiques dans le traitement des blessures, ainsi que de l’anesthésie à l’aide d’un mélange d'opiacés et d'herbes, lors des interventions chirurgicales.
La grande crise de la médecine européenne est survenue avec l’épidémie de peste noire, au XIVe siècle. Les théories médicales en vigueur évoquaient pour sa cause davantage des explications religieuses plutôt que des données scientifiques – le tout en pure perte puisque près d'un tiers de la population de l'Europe a été décimé.
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