L' almanach de la mandragore
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 Notion de beauté

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morgane

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MessageSujet: Notion de beauté   Notion de beauté Icon_minitime25.07.13 23:14


Le Moyen Age évoque à la fois la rustrerie et un certain raffinement.
Il y a beaucoup de préjugés sur la beauté au Moyen Age. La belle dame est noble: elle est grande, mince, blonde et sa peau est blanche. Elle a un long cou, de longs doigts. Elle a les yeux gris et ressemble à une rose. Tous les écrivains le soulignent. Sentir bon est aussi très important. Pour avoir l'haleine parfumée, les femmes mâchaient des graines de fenouil, de cardamome, des petits morceaux de certaines écorces. Telle est en tout cas la beauté aristocratique décrite dans la littérature du Moyen Age.
Les Gaulois étaient  petits et bruns, tout comme les Francs qui se sont mélangés aux Gaulois. Mais une petite partie du matériel génétique des Français vient des Vikings: les envahisseurs norvégiens, danois, suédois qui se sont installés en Normandie en 911 avec le comte Rollon. Ces envahisseurs étaient grands et blonds, et ils se sont mélangés avec les peuplades indigènes. Même si seuls quelques-uns sont restés grands et blonds, cette image est devenue un idéal, symbole de succès et de pouvoir. La femme blonde s'est imposée comme l'archétype de la beauté.
. On connaît l'histoire de la sainte du XIe siècle Godelive, qui devait se marier. La mère du futur époux dit à son fils: "Tu ne peux pas l'épouser, elle est laide, mauvaise!" Lorsque son fils lui demande pourquoi, la mère répond: "Elle a les cheveux noirs!" Ce qui est noir est négatif. C'est au XIIe siècle que l'on commence aussi à voir apparaître les stéréotypes à propos des juifs, "ces gens petits et au teint foncé". On vénère la "race des seigneurs",!
L'abbé Suger a écrit du dauphin, le futur Louis VI le Gros, qu'il était "formosus" - beau. Il était grand, élégant, avec de larges épaules. Dans tous les textes, le bel homme, c'est le guerrier. La partie de son anatomie que l'on aime évoquer, ce sont ses cuisses. "Il a des cuisses comme un chêne", écrit un auteur. Si vous passiez votre vie à cheval, c'était probablement le cas... "Les idéaux de cet époque, tout comme les nôtres, en disent plus sur nos aspirations que sur ce que nous sommes vraiment"  
 La femme noble des XIIe et XIIIe siècles était une formidable organisatrice. Son mari était souvent parti en croisade, parti massacrer les hérétiques, parti en Espagne pour la Reconquista, parti en pèlerinage. Quand il était absent, qui dirigeait sa maison? La châtelaine. Les images d'une beauté fragile ne correspondaient pas aux dures réalités de la vie de ces femmes. En fait, les idéaux de cette époque, tout comme les nôtres, en disent plus sur nos aspirations que sur ce que nous sommes réellement.
 Un texte sur l'amour d'un religieux du XIIe siècle relate brièvement des relations sexuelles avec une paysanne. L'auteur ne la décrit pas comme "belle", mais cependant comme "désirable". Il écrit: "N'hésitez pas à prendre ce que vous souhaitez et à l'embrasser de force." Tout ce qu'une paysanne a à offrir, c'est sa jeunesse, sa vitalité et sa disponibilité. Il y aussi l'histoire du XIe siècle dans laquelle le duc de Normandie regarde par la fenêtre de son château et aperçoit Arlette, qui lave le linge dans la rivière. Il est si bouleversé par elle, avec sa jupe nouée, qu'il va la trouver. Il ne l'épouse pas, mais de cette union naît Guillaume le Bâtard - Guillaume le Conquérant. Nulle part on ne dit des paysannes qu'elles sont belles, seulement qu'elles sont jeunes.



D'un côté, Thomas de Cantimpre écrit que Jésus est "pulcher" - beau - que toute forme de beauté vient de lui et qu'elle se reflète chez les autres êtres. Thomas de Cantimpre est un ecclésiastique français du XIIIe siècle, du nord de la France, impressionné par les religieuses, qu'il décrit comme très belles - mais il parle en réalité de spiritualité. Toutefois, de l'autre côté, il y a les ecclésiastiques qui ont une peur extrême de la sexualité et du corps. Pour eux, tout ce qui, chez une femme, attire l'homme est l'oeuvre du diable. Entre ces deux extrêmes existe toute une gamme d'opinions. L'identification de la beauté à la séduction est un exercice obligé au Moyen Age, mais ce n'est qu'une partie de ce qui est écrit.
Autour de 1150, début de la construction des premières grandes cathédrales gothiques, celles-ci sont presque toutes dédiées à Marie. Elles célèbrent sa beauté dans la pierre. C'est aussi le siècle pendant lequel les grands textes monastiques, juridiques, philosophiques sont publiés par les érudits: tous cherchent à comprendre l'harmonie - et donc la beauté - de la création. Le XIIe siècle est l'un des moments de créativité les plus importants dans l'histoire de l'Occident, et la recherche de la définition de la beauté est au coeur même de ce bouillonnement.
Pour comprendre comment évoluent les canons de la beauté féminine, il faut regarder les sculptures. De la fin du XIe siècle à la fin du XIIe, Marie est présentée comme le siège de la sagesse: elle est assise bien droite, les deux pieds posés à plat, face au spectateur qu'elle regarde directement. L'enfant Jésus sur ses genoux. Marie est le trône qui présente le Christ au monde. Elle n'a pas de seins, aucune féminité, bien qu'elle porte une couronne et un manteau incrusté de pierres et qu'elle soit peinte de couleurs vives. Dans cette première image médiévale importante d'elle, elle n'est qu'un meuble.
Avec le XIIIe siècle, l'image de Marie change complètement: elle est debout, ses hanches sont tournées d'un côté, ses genoux de l'autre. Elle porte un vêtement à l'élégant drapé, elle a une poitrine, son visage est plaisant. Elle est soudain devenue une belle dame de cour. Elle n'est plus le meuble sur lequel Dieu est assis. Enfin, aux XIVe et XVe siècles, ses joues sont rondes, elle a des formes. Elle est devenue une riche bourgeoise. C'est une beauté comme on les trouve à Liège ou à Anvers. "Ces images nous permettent de voir les changements sociaux et la lente évolution de l'idéal de beauté féminine"  



Ces images nous permettent de voir les changements sociaux et la lente évolution de l'idéal de beauté féminine. On voit de nouveaux styles de vêtements, de coiffure. La Vierge du XIe siècle commence à évoquer des femmes de pouvoir comme Aliénor d'Aquitaine. A partir du XIIIe siècle s'impose l'idée que, même si une femme a du pouvoir, elle doit aussi avoir de la grâce. A la fin du Moyen Age, on s'éloigne encore de cette créature élancée, éthérée, dans sa tour que l'on célébrait autrefois. La femme idéale a des courbes, on a envie de la prendre dans ses bras. Cette image de la Vierge en fille de riche marchand reflète la montée en puissance de la classe moyenne.
Pour se représenter la beauté au Moyen Age, il faut imaginer de la couleur, beaucoup de couleur. Aujourd'hui, on voit cette époque dans les tons pastel ou bien tout gris, parce que les couleurs ont passé. Pourtant, à l'origine, ces couleurs étaient violentes. Les gens du Moyen Age adoraient les teintes primaires très vives, les unes à côté des autres. Les femmes les plus importantes auraient porté un bleu vif à côté d'un jaune éclatant, d'un rouge, d'un vert. On aimait aussi les incrustations de pierres précieuses. Plus il y en avait, mieux c'était. C'était une affaire de classe sociale: seuls les gens riches et de haute naissance pouvaient acheter les teintures.
Au XIIIe siècle, on nous parle de vierges qui produisent miraculeusement du lait avec lequel elles nourrissent les gens. Ces miracles sont racontés par des hommes, tous des ecclésiastiques. On sent chez eux une grande curiosité, quelque chose de presque pornographique. A partir de la fin du Moyen Age, la mode joue à cache-cache avec les seins. Certaines blouses s'arrêtaient juste au-dessus des seins, qui étaient couverts d'une étoffe légère, probablement de la soie venue d'Orient. On pouvait presque voir la poitrine, mais pas tout à fait. Les femmes faisaient la même chose avec leur front. Elles se rasaient le crâne et portaient des coiffures très en arrière. On avait ainsi un front haut et blanc, et des seins hauts et blancs. De cette manière, on mettait en valeur le visage de la femme entre deux zones de son corps sexuellement désirables.



 A partir du XIIe siècle, la société était très mobile. Les marchands, les croisés, les pèlerins voyageaient. Toute personne valide se rendait en pèlerinage. Les riches et les puissants - de 10 à 20% de la société - bougeaient sans cesse. Les pèlerins voyaient des choses, entendaient les histoires des saints. L'art, les textes littéraires se propageaient également et transportaient avec eux la même image de la dame aux yeux gris, mince, blonde, délicate. A partir du XIVe siècle, les livres d'heures circulaient dans toute l'Europe. Très souvent, ils représentaient le bienfaiteur ou la bienfaitrice, agenouillés dans un coin. Ces représentations propageaient ainsi les critères de beauté. Il faut souligner le lien entre beauté et richesse: personne n'est beau s'il ne porte pas de vêtements magnifiques. Les belles choses forment un cadre qui souligne la beauté.



Un certain nombre de textes médicaux ont survécu et, parmi eux, un merveilleux livre du XIVe siècle qui traite des aliments, des saisons, des comportements et de leur rapport avec la santé. Il tient compte des différences qui tiennent au sexe. Dans cette classification, les hommes sont chauds et secs, les femmes froides et humides. Il y a des informations fascinantes: par exemple, les relations sexuelles sont généralement bonnes pour la santé, mais ceux qui ont le "souffle froid et sec" - probablement les asthmatiques - doivent faire attention.  L'illustration montre le couple en train de faire l'amour. Certaines recettes pour préparer des produits de maquillage ou pour améliorer la beauté ont survécu. Par exemple, de nombreux textes donnent des indications pour obtenir une peau plus blanche, mais on n'a pas le sentiment qu'elles étaient très efficaces. On trouve aussi des conseils pour s'épiler, se teindre les cheveux, faire disparaître les cheveux blancs, éliminer les taches de rousseur.
 Jamais on ne dit des enfants qu'ils sont beaux. Ils n'apparaissent pas dans l'équation de la beauté. Même dans l'histoire de saint Anselme, cet enfant qui est loué pour sa bonté et sa sainteté, mais jamais parce qu'il serait plaisant à regarder. Les gens du Moyen Age ne voient la beauté qu'après la puberté, chez les adultes et en Dieu. Pourtant, il y a une autre catégorie d'êtres vivants que l'on considère comme beaux: les chiens de chasse, que l'on pare de colliers de pierreries, et les chevaux, superbement harnachés. On donnait des noms à ces animaux, on les célébrait par de la poésie, et on les considérait comme beaux parce que leur possession indiquait une naissance noble. Le beau, c'est ce qui affirmait la richesse, le pouvoir et une position sociale élevée.

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