L' almanach de la mandragore
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 Le roman de la rose

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tancrède




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MessageSujet: Le roman de la rose   Le roman de la rose Icon_minitime25.07.13 14:23

Chef-d'œuvre de la poésie allégorique, en deux parties.
Une œuvre résume toute l'aventure de la courtoisie : le Roman de la Rose, qui réunit sous un même titre deux fictions allégoriques, composées à quarante ans de distance par deux poètes de tempéraments opposés.
Au long du xiiie siècle, la courtoisie a connu une évolution, mais elle a poursuivi un même but profond : domestiquer le mythe de la passion fatale de Tristan et Iseut. Et la Rose a opposé son mystère à celui du Graal.


Les deux faces du Roman de la Rose


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Roman de la Rose


Conservé dans plus de 300 manuscrits, imprimé dès 1480, le Roman de la Rose est, à lui seul, une ère de la littérature française. Il se présente comme un poème allégorique et didactique en deux parties. La première, écrite vers 1230, est un Art d'aimer selon les règles de la société courtoise, dû à un certain Guillaume, natif de Lorris-en-Gâtinais : elle décrit en 4 058 vers, et dans le cadre fictif d'un songe, la tentative d'un amant pour s'emparer de l'objet aimé, représenté par une rose au cœur d'un verger. La seconde partie, le Miroir aux amoureux, a été composée entre 1270 et 1280 par Jean Chopinel, dit Jean de Meung, qui ajouta 17 723 vers au texte de Guillaume de Lorris : c'est, pour l'essentiel, une encyclopédie des connaissances et une satire de la société du temps, dans laquelle la délicatesse précieuse fait place à l'ironie et à la verve gauloise.
À la disproportion et à l'écart chronologique considérable entre les deux parties s'ajoute une opposition de dessein et de ton. Le premier Roman de la Rose est poétique, allusif ; le second est érudit, digressif. Le premier constitue l'œuvre courtoise la plus originale et l'aboutissement d'un siècle de raffinement aristocratique et littéraire ; le second est le produit type de l'esprit scolastique et le chef-d'œuvre de la rhétorique érudite qui triomphe dans les débats des clercs.


Un miroir de la société

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Roman de la Rose
: l'amour mène la danse

Le Roman de la Rose est né dans un pays, l'Île-de-France, où la croissance rurale et le pouvoir politique avaient connu une ascension particulièrement vigoureuse depuis plus d'un siècle.
La courtoisie s'épanouit au lendemain de la victoire de Bouvines et de la conquête du Languedoc, au moment où se déploient les rosaces de l'art gothique et les subtilités de la polyphonie musicale, alors que les croisades ont refoulé au-dehors de l'Europe la violence chevaleresque et que les tournois proposent à la jeunesse, porteuse des valeurs nobles, une guerre jouée.
La courtoisie affirme son indépendance à l'égard de deux cultures dominantes : celle des prêtres d'abord – le verger de la première partie du roman est un lieu interdit à Pauvreté et à Papelardie, c'est-à-dire à Dévotion ; celle du roi ensuite – la courtoisie est un moyen pour les féodaux de marquer une distance à l'égard de la culture royale restée fidèle aux traditions carolingiennes, militaires et liturgiques.
La courtoisie, telle que la peint Guillaume de Lorris, est d'abord un jeu d'hommes. La Cour est une école de chevalerie, entretenue par la largesse du seigneur et animée par une compétition sans cesse renouvelée entre les jeunes gens « non chasés », qui n'ont ni terre ni famille.
À la base de la courtoisie, il y a la stratégie matrimoniale de l'aristocratie : pour conserver l'intégrité du fief et en accroître la puissance, il faut marier l'aîné seul, doter les filles – qui abandonnent ainsi leur prétention à l'héritage –, maintenir les cadets dans le célibat. Le jeune « bachelier » attend de la munificence du maître – qui, en récompense de ses exploits, lui donnera en mariage une orpheline ou une veuve – le droit de fonder une maison et un lignage. Dépendant du seigneur, il va alors jouer à dépendre de la Dame, l'épouse du seigneur. Le verger du Roman de la Rose est un lieu désarmé, où les chevaliers brillent par autre chose que leur force physique et leurs qualités guerrières ; la véritable distinction réside dans le raffinement des manières.

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Jean de Meung

Quarante ans plus tard, le roman de Jean de Meung se déroule dans un autre monde. À la fin du règne de Saint Louis, l'élément moteur de l'économie n'est plus la campagne mais la cité. Les conquérants sont les marchands et non plus les défricheurs. Dans Paris, capitale qui unit la cour et la ville, règne l'administration. Un nouveau public s'est formé, mélange de chevaliers, de clercs et de bourgeois, moins soucieux de rêve, plus curieux de vie. Le christianisme est revivifié dans une piété populaire où la Nature s'offre à l'homme pour qu'il en jouisse, comme Adam au Paradis. Dans les écoles triomphe Aristote, revu par les Arabes et la scolastique : les intellectuels donnent le ton dans des joutes de l'esprit qui réclament toujours plus d'étude et de savoir. Le verger de la seconde partie du Roman de la Rose est une nature faite moins pour le seul plaisir des yeux que pour exciter le désir de connaître, de comprendre et pour inciter au respect : l'amour est au cœur du rythme naturel.


Un itinéraire initiatique et poétique

Le rêveur de Guillaume de Lorris a la vision, dans un songe prophétique, de son destin amoureux. Au milieu d'un verger paradisiaque, il découvre dans la fontaine de Narcisse, miroir magique, un buisson de roses. Fasciné par un bouton, il s'approche pour le cueillir, mais ce désir va rencontrer des obstacles de plus en plus difficiles jusqu'à la construction du château de Jalousie. Le récit s'arrête au moment où l'amoureux se désespère de ne pouvoir prendre le château. L'allégorie résume le postulat de base de la courtoisie : elle exalte la force du désir, mais elle refuse la jouissance ultime qui le comblerait et le détruirait en même temps.
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Roman de la Rose
: amants dans un lit

Le propos de Jean de Meung va à l'encontre de cet ascétisme amoureux. S'il s'adresse aux amants c'est pour les libérer de l'illusion courtoise (les femmes, chez lui, exposent en termes crus des exigences qui n'ont rien d'éthéré) et aussi de quelques idées reçues sur l'ordre social, la vie religieuse (il s'attaque aux ordres mendiants qui dominent l'université et la conscience du roi) et l'activité scientifique (toute connaissance doit être utile). Raison joue désormais un plus grand rôle qu'Amour. Tout cela au milieu d'innombrables références historiques et mythologiques, de digressions érudites où s'entassent les souvenirs de lectures d'un étudiant boulimique, d'une rhétorique foisonnante servie par un langage truculent, libéré des censures de la courtoisie initiale. Le mythe de la rose s'achève en démystification.
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guenievre

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MessageSujet: Re: Le roman de la rose   Le roman de la rose Icon_minitime25.07.13 14:35

Le Roman de la rose" ou l’art d’aimer au Moyen Âge




Si son titre est connu, le contenu de ce long poème écrit au XIIIe siècle l’est beaucoup moins. On sait peu aussi que Le Roman de la rose fut en quelque sorte un best-seller et que cet "Art d’aimer" courtois et érudit a séduit des générations de lecteurs jusqu’au début du XVIe siècle. Si "l’art d’aimer" est un genre en soi au Moyen Âge, ce qui fait l’originalité du Roman de la rose, c’est d’abord qu’il est le fait de deux auteurs, le poète Guillaume de Lorris et le clerc parisien Jean de Meun. Le premier n’existant que sous la plume du second, en effet, "on n’a pas de trace du poète Guillaume de Lorris, mais les philologues s’accordent sur le fait qu’il y a bien deux mains". Ce qui est original, également, "c’est la conclusion du Roman de la Rose, avec la cueillette de la rose qui est explicitement une scène de défloration où se mêlent de manière très adroite l’obscène et le sacré. Car le but de cette scène est la procréation, un but tout à fait orthodoxe"…



Ce qui n’a pas empêché que dès les années 1290, soit une vingtaine d’années après l’achèvement  de l’oeuvre, le texte en soit remanié avec des coupes sombres pour les vers "les plus scabreux". À partir du XVe siècle, le texte suscite même une vraie querelle littéraire où s’illustre la première auteure "féministe", Christine de Pisan, qui "fustige l’immoralité, l’indécence, le mauvais langage, l’extraordinaire misogynie" de l’oeuvre. Avec elle le philosophe et théologien Jean de Gerson, chancelier de l’Universitéde Paris, " qui va clore la querelle par une série de sermons à l’université mettant en garde contre la luxure. Et cela quelque 130 ans après la rédaction du Roman de la rose"… Le "prétexte" de l’ouvrage est un songe que de Lorris raconte avoir fait lorsqu’il avait quinze ans et dont il n’avait pas alors saisi toute la portée. Dans ce songe, un oiseau le guide  au "verger de l’amour’, un carré parfait, que restitue la disposition de la salle d’exposition consacrée au récit et  qu’illustre une enluminure où la représentation de l’amour est "tout à fait canonique dans la littérature courtoise, avec couronne,  ailes et  flèches, précise la commissaire. "Les premiers vers du Roman de la rose  sous la plume de Guillaume de Loris sont tout à fait conventionnels, c’est à dire conformes à l’éthique courtoise. Tout est radieux, la nature est enchanteresse, c’est très agréable à lire, encore aujourd’hui".


Dans ce jardin d’Eden où il est entré en rêve,  le narrateur tombe amoureux d’un bouton de rose… Le récit narre la conquête d’une jeune fille – la Rose – par un jeune homme – l’Amant. Une quête "ponctuée par les interventions de diverses personnifications de sentiments : Raison, Ami, Richesse, Faux-Semblant, La Nature… chacune livrant sa propre vision de l’amour". Les péripéties ne manquent pas, car, on s’en doute, la quête est loin d’être un long fleuve tranquille et l’Amant va se heurter aux défenseurs de l’honneur de la belle qui ont noms Jalousie, Honte, Peur et Danger… Une forteresse est même érigée pour protéger Bel-Accueil qui personnifie le naturel confiant de la demoiselle (n’a-t-elle pas accepté un baiser?). Désormais tous les moyens sont bons pour la conquête de la Rose. C’est alors que le clerc prend le relais du poète. Sous la plume de Jean de Meun Le Roman de la Rose devient "à la fois texte sur l’art d’aimer et somme de savoirs ". Effectivement, "parfois Jean de Meun suspend la progression narrative pour livrer des connaissances, on sent alors la richesse de sa culture ", comme en témoignent les quelque 18000 vers qu’il aura ajoutés aux 4000 de Jean de Lorris. L’érudition de celui qui fut un clerc lettré et un savant reconnu, fait du Roman de la rose une véritable "encyclopédie profane".


Ce qui explique en partie son succès "bourgeois", auquel ses emprunts au registre de la comédie ne sont sans doute pas étrangers non plus. Et "quelques saynètes ont encore aujourd’hui une force comique remarquable". À cet égard, "un des passages les plus connus est le discours d’un mari jaloux, misogyne. Si de sa bouche sortent  les vers les plus injurieux envers les femmes, c’est en même temps un personnage de comédie, ce qui fait que sans doute, même au Moyen Âge, le lecteur prenait parti pour l’épouse. Mais la traduction iconographique est quand même toujours celle du mari jaloux battant sa femme"… Si le texte s’achève par la "cueillette de la rose", il n’est pas question de mariage, "dont l’institution a été à plusieurs reprises raillée par Jean de Meun au cours de son récit  par le biais d’allégories, et avec un contre exemple, celui d’Abélard et Héloïse. "



Copié, recopié, lu, admiré, décrié dans une sorte "d’effervescence" jusqu’à la fin du XVe siècle, Le Roman de la rose,  avec la Renaissance, après le premier tiers du XVIe siècle, "n’est plus lu, n’est plus compris, à la fois pour des raisons de fond et de forme. La langue est devenue trop lointaine et ce n’est plus dans l’air du temps".




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